Qui es tu ?
Je suis Mariam, 35 ans. Chanteuse lyrique, pédagogue. J’ai créé ma compagnie lyrique il y a deux ans, autour d’un spectacle de 40 min avec un répertoire très large, allant du gospel au lyrique.
A 7 ans, j’ai commencé le piano…début de mon histoire d’amour avec la musique. C’est la musique qui m’a aidée à me construire, m’a appris le travail, la persévérance, le plaisir, et que j’étais capable de faire quelque chose de beau. Elle m’a permis de garder le cap quand la vie m’a envoyé de grosses turbulences.
Pourquoi as tu choisi ce métier ?
J’ai arrêté la musique entre 18 et 25 ans pour des raisons personnelles, et j’ai repris en me rendant compte que c’est ce qui manquait à mon équilibre. A la minute où j’ai repris, je me suis sentie plus complète, plus épanouie…j’ai décidé d’en faire mon métier. Le travail du chant et de la musique m’apporte un réconfort, une satisfaction, un plaisir que je ne trouve nulle part ailleurs. C’est un langage où je n’ai pas de souci pour me faire comprendre et où les messages passent sans encombre. La plupart des moments forts de ma vie sont associés à la musique et au chant.
Chanteuse d’opéra, c’est l’art total : le chant, l’orchestre, le théâtre, le costume , le maquillage, les échanges avec des partenaires extraordinaires, le lien avec le public…j’ai l’impression, enfin, de pouvoir être pleinement moi-même quand j’interprète un personnage sur scène.
Quels ont été tes plus importants challenges ?
Un de mes plus gros challenges a été de faire des études, tout en travaillant, et en étant maman…continuer à allaiter dans ces circonstances était un tour de force !!! A postériori, je me dis que c’était inconscient de mener tout ça de front ! J’ai surmonté ça en m’appuyant sur mon mari qui m’aide à prendre du recul et me force à me reposer quand je n’y arrive pas seule…et en étant super organisée. Des fois, quand je compte tout ce que je fais en une seule journée, je n’y crois pas moi-même !!!
Je fais des plannings de travail sur la journée, la semaine, le mois, l’année…je fais 4 choses en même temps, j’anticipe à mort etc…j’ai toujours fonctionné comme ça. Je réfléchis très vite, j’ai mille idées à la seconde…et ce sont ces idées farfelues qui me sortent bien souvent de l’embarras et des situations compliqués. Pour moi, la difficulté est plus de trier et ordonner mes idées que de chercher des idées.
Un moment déclencheur t’a t’il aidé à réussir et atteindre tes objectifs.
Il y a 3 ans, suite à des auditions ratées pour entrer dans des choeurs…j’ai compris que je n’avais pas le profil. Soit je me donnais les moyens d’être soliste, ce qui correspond à ma personnalité et à mon physique…soit je changeais de voie. On m’a souvent reproché d’être « trop »…et je le vivais mal. J’ai rencontré quelques professeurs formidables à cette période qui m’ont acceptée comme j’étais et m’ont aidée à comprendre que c’est en assumant pleinement ce que j’étais qu’on arrêterait de me le reprocher. Depuis, je travaille un répertoire de contralto qui me correspond mieux, et ça progresse bien. Je suis bien entourée et bien accompagnée. C’est fondamental.
Quels sont tes nouveaux projets ? Peux tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Je ne parle pas trop de mes projets…superstition d’artiste. Ce que je peux dire c’est ce que je fais en ce moment. Je débute dans le rôle de 3ème Dame dans La Flûte Enchantée de Mozart avec le Lab’opéra d’Alsace sous la direction de Simon Rigaudeau et Chiara Villa. Avec ma compagnie, je vais participer à la formation en chant de futurs moniteurs/éducateurs et éducateurs spécialisés. Je suis très heureuse de ces deux projets dont les équipes sont enthousiastes et professionnelles.
Peux-tu me donner quelques conseils pour de jeunes entrepreneuses atypiques un peu perdues en ce moment dans leur parcours de vie ?
1. Ne pas écouter les “tu devrais”, “untel a fait…”, “il faut”. C’est extrêmement difficile, je sais, mais quand on n’est pas dans le moule, chercher à être “normal” est la plus grande violence qu’on puisse s’imposer. De toute façon , les autres nous voient différents, donc impossible de passer pour “normal”. S’assumer est le meilleur moyen de faire taire les mauvaises langues, et de trouver son propre chemin, celui qui et juste pour soi.
2. Observer le comportement ( les mots c’est du vent) de son entourage, et chercher 2 ou 3 personnes à qui l’on fait confiance pour s’appuyer et chercher du réconfort. Les personnes les plus fiables ne sont pas forcément celles qu’on croit.
3. Faire du sport. C’est basique, mais il n’y a pas mieux comme régulateur d’humeur sans effets secondaires ! Pour moi, le sport permet aussi d’accéder à une meilleure perception de nos différents états pour pouvoir adapter notre comportement et notre mode de vie en conséquence.
4. Prendre le temps. C’est complètement à contre-courant de la société, mais s’arrêter permet de faire le point, et de décider librement. J’ai le plus avancé quand je me suis autorisé à ne rien faire. Prendre le temps de savoir qui on est, ce que l’on veut, pourquoi on fait les choses, quel sens on veut donner à sa vie. Hâte toi lentement…je ne sais plus d’où vient cette citation, mais elle est très juste.
Mariam Lompo
Chanteuse lyrique-Contralto,Compagnie The Singing Mice– Directrice artistiqueThree Friends-Duo piano/voixProfesseur de chant, coach vocal voix parlée/chantée
Instagram : @mariamlompomezzo