Portrait d’entrepreneuse : Nawel Alaoui

Qui es tu ?

Je suis franco marocaine, j’ai vécu dans les deux pays. J’ai une formation assez classique (prepa HEC, école de commerce). J’étais cadre dans le conseil sur Paris (ce qui était la suite logique): un CDI bien payé valorisé socialement. Je n’étais pas heureuse sans trop savoir pourquoi: après tout j’avais tout fait correctement.

Un jour, j’ai tout quitté. J’ai vendu tous mes biens matériels pour ne garder de ma vie qu’un sac à dos. J’ai parcouru le monde et me suis trouvée en chemin 🙂

Pourquoi as tu choisi de poursuivre ce chemin ?

Pour moi essayer de trouver le métier idéal a été l’erreur qui m’a bloqué pendant longtemps quand je pensais à un changement de vie: changer d’accord mais pourquoi faire? Je me suis trouvée quand j’ai trouvé mon verbe idéal: inspirer. A partir de là une multitude d’expériences créatives se sont offertes à moi parfois lucratives parfois pas. Il y a une multitudes de façon d’inspirer: inspirer en prouvant que quelque chose réputé difficile peut être réalisé via une expérience entrepreneuriale (j’aide des entrepreneurs et PME dans le domaine de l’IT à se développer), inspirer en aidant des DRH à redéfinir la notion de travail, inspirer via l’écriture et inspirer en visant une vie inspirante: quitter son travail et avec 7 000 euros en poche sans chômage vivre un an au 4 coins du monde, montrer sa boite, travailler en remote au soleil, réussir à dépasser les 20 000 euros de revenu en 2 mois d’entrepreneuriat, intégrer le voyage comme un mode de vie. Voilà le résumé fou de mon année. Peut importe l’activité finalement, le message est le même: une aude à la vie, au bonheur et la ferme conviction qu’avec de l’imagination, le monde n’a que peu de limite.

Tes plus gros challenges rencontrés ? Comment les as tu surmontés ?

En posant ma démission on m’a proposé une suspension de contrat, j’ai répondu: non merci. Je voulais faire ce travail de sauter dans le vide. Mon plus gros challenge a été de vaincre mes peurs à chaque challenge. Et ça c’est une leçon incroyable car des challenges j’en ai eu beaucoup: la peur d’être seule en amérique latine, le manque d’argent, l’impossibilité de se loger une fois rentrée (pas de garant, pas d’argent), le manque de compétences en entrepreneuriat, un gros client perdu, un partenaire qui fait le mort et j’en passe. De tous ces challenges, je retiens une chose: il n’existe que peu de challenges insurmontables et beaucoup se relèvent en changeant sa perception du monde; le monde comme un monde d’abondance où pour chaque problème, il existe une solution voir même une leçon. Le seul challenge finalement c’est la peur liée aux limites psychologiques que nous transmet la société. Celui-ci est une lutte de chaque instant, source de mes moments les plus dures mais aussi de mes plus grandes fiertés.

J’ai pris une décision: vivre. Pas survivre, pas vivre à moitier mais vivre. Pour moi c’était non négociable, j’ai appris l’intransigeance. Affronter un challenge est avant tout une décision, le reste n’est que moyens.

Un moment déclencheur” t’a aidé a réussir et atteindre tes objectifs.

Sensibilité, intelligence constructive et double culture ont surement aidé. La sensibilité car je ne pouvais pas continuer à survivre la vie, l’ intelligence constructive car j’ai appris à travers mon expérience passée à ne pas raisonner en erreurs mais en leçons, ma double culture car elle m’a permis d’entrevoir qu’il existait différentes façons de concevoir et percevoir la vie.

Il y a eu beaucoup de moments déclencheurs. Je ne pense pas qu’il faille attendre un “déclic”. Il faut vivre en pleine conscience et se “voir” changer à chaque peur que l’on dépasse. Heureusement que mon CDI était exigeant sinon je n’aurais pas acquis ces compétences, heureusement que j’ai touché le fond sinon je ne me serais pas poser la question de ce qui me rend heureuse (et la réponse est parfois surprenante!) et je ne me serais pas autant documenter sur la nature du bonheur ( j’ai quelques livres qui m’ont aidé sur le sujet, vaste sujet qui a toute son importance ici), heureusement que j’ai côtoyé la maladie pour me rendre compte de la valeur de chaque jour de vie etc… Il y a aussi un phénomène incroyable qui se passe: quand on cherche vraiment, on trouve et quand on trouve, on n’est plus seul. M’entourer de personne ayant des projets similaires les a rendu moins fous, plus atteignables: après tout, s’ils le font, pourquoi pas moi? Chaque étape est une nouvelle leçon et finalement il n’existe pas d’état final mais un chemin à vivre pleinement.
La dernière leçon en date est intéressante: et si difficulté et précarité donnaient de la saveur à la vie? J’avais adopté une logique inculquée de limiter un maximum le risque, je ne dis pas que cette logique est mauvaise mais je pense qu’elle doit être associée à une autre logique tout aussi importante: s’assurer que l’on prend tout juste assez de risque pour avoir risqué la vie.

Quels sont tes nouveaux projets ? peux tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?

L’année prochaine, je veux prouver que je peux développer mon modèle pour soulever les questions de précarité qu’il suscite.
Je veux également construire une maison écologique avec peu d’argent et des personnes du monde entier: de SDF sans un rond à propriétaire en un an. Commencer, peut être, une activité de type coaching ou bien être
Enfin, j’espère éditer un livre. C’est drôle, les années passées j’avais des objectifs que je ne tenais jamais comme “me remettre au sport”, “moins dépenser” etc… J’ai des objectifs beaucoup plus ambitieux et pourtant je n’ai jamais autant cru à leur réalisation. La différence? Ce sont des choses qui en elle même ou dans le message qu’elles font passer compte réellement.

As tu un mentor ? un modèle que tu admires ? qu’est ce qui te remotive ?

J’ai eu un mentor quand j’étais en CDI, quelqu’un qui m’a aidé à mettre mon égo et mes émotions entre parenthèse pour réussir à prendre du recul sur les mécanismes à l’oeuvre dans une réussite, un échec. Ainsi, même si je me bats toujours avec mes émotions, il m’a fourni la plus puissante de mes armes.


Je n’ai pas de mentor aujourd’hui mais avoir des exemples autour de moi de voyageurs, entrepreneurs ect m’a aidé. J’ai aussi des amis, une famille ce qui rassure

Mais ce qui m’a le plus aidé ce sont des contre exemples. Je n’ai vu que trop de personnes passer à côté de leur vie pour des raisons in finé futiles. J’ai fait un stage en maison de retraite car au début de ma réflexion un article d’une infirmière accompagnant des personnes en fin de vie m’avait interloqué: nous partons presque tous, disait-elle, avec des regrets, beaucoup de regrets. J’ai voulu vérifier par moi même et ce n’est que trop vrai. Parfois ce sont des erreurs qui vous guident vers le chemin que vous devez suivre et parfois il n’est pas celui que la société nous montre. La vie est trop précieuse pour la laisser nous échapper or aujourd’hui on a rendu difficile le fait de s’approprier réellement sa vie: il y a tellement de raison pour ne pas faire ce que l’on aime…


Il y a une phrase qui m’a beaucoup aidé à chaque fois que je me suis sentie en situation d’échec: peut importe le nombre de fois qu’il tombe, un bébé n’arrête pas d’apprendre à marcher et in finé, il a appris une nouvelle chose qui lui permet de mieux vivre le monde. Cette phrase m’a permis de soulever des montagnes à des moments clefs où j’aurai pu abandonner.

Peux tu me donner quelques conseils pour de jeunes profils atypique un peu perdus en ce moment dans leur parcours de vie ?


1) Entourer vous de personnes qui ont déjà réalisé vos rêves

2) Changer votre vision du monde: il est abondance, à chaque problème, il y a une solution. Ne pensez pas seulement à une solution apprise, concevez vos propres solutions.

3) L’échec n’existe pas, soyez bienveillant envers vous même. Vous êtes simplement en train d’apprendre à marcher.

4) Soyez assez prévoyant mais pas trop: il y a l’Everest devant vous, prenez ce que vous pensez nécessaire mais ensuite concentrez vous sur le premier Km. On ne célèbre pas de victoire une fois arrivée en haut et peut importe finalement si vous arrivez en haut ou si vous devez changer de chemin 100 fois. Le principal est que vous soyez capable de célébrer une victoire à chaque km et ça fait un sacré paquet de victoires à célébrer!

5) Une peur est faite pour être affronté: rappelez vous, à chaque peur que vous aurez affronté correspond une immense victoire. Sans peur, il n’y a pas de victoire.

6) Vous êtes un aimant. Vous n’attirez pas tout dans la minute mais vous finissez par attirer les choses: vos peurs mais aussi les espoirs en lesquels vous croyez. Avoir conscience de cela, voir cette règle s’appliquer et être assez ouvert pour accepter ce que la vie offre comme opportunités et coïncidences fortuites vous permet de vivre dans un monde d’une beauté incroyable.

7) Ne soyez pas rigide, attachez vous à l’essence des choses. Peut importe que vous n’ayez pas eu le métier x de la manière y. Si votre volonté est z, il y a une infinité de chemins qui permet de la matérialiser.

8) Développer, expérimenter, faite de bilan, corriger. Un bon projet est un projet que l’on remet en question en permanence et que l’on a de cesse d’adapter. Agilité, agilité!

9) Ne pensez à ce que vous n’avez pas que si vous êtes conscient de ce que vous avez: ayez de la gratitude.

10) Vos émotions sont votre guide. Elles ne sont pas un message induit de l’extérieur, c’est l’erreur, mais un message de vous même à vous même. Ecoutez ce guide, il vous en apprendra beaucoup sur vous.

Quelques lectures en désordre: les livres de Laurent Gounelle, la loi de l’attraction, les 4 accords Toltèques, La semaine de 4 heures…

3 mots pour te décrire 🙂
Pleine d’espoirs.